Stellantis : la CFDT écrit au président de la République et au ministre de l’Industrie pour leur demander de réduire des écarts de rémunération incompatibles avec la solidarité de filière
Depuis que le Conseil d’administration de Stellantis s’est prononcé pour, et ce malgré l’avis défavorable des actionnaires, les éléments de rémunération de Mr Tavares pour l’exercice 2021 sont connus : à un fixe de 2 M€ et un variable de 7,5 M€ s’ajoutent des actions de performance dont le montant cumulé avoisine un potentiel 57 M€.
La CFDT estime, dans une lettre, envoyée hier, au président de la République et au ministre de l’Industrie que « c’est vertigineux et incompréhensible pour le commun des salariés ou des dirigeants des entreprises de la filière automobile ». D’autant que « L’avenir de la filière française et européenne de l’automobile est conditionné à une résilience qui passe par une stratégie partagée avec les grands constructeurs et une solidarité de filière » argumente-t-elle dans son courrier.
Pour la CFDT, « les montants de rémunération, qui s’appuient sur des résultats financiers eux-mêmes très marqués par une politique achats agressive, compliquée pour les fournisseurs, et qui conduit encore et toujours à délocaliser des productions, vont à l’encontre de l’objectif et donc d’une qualité d’industrialisation en France ».
La CFDT avait en son temps dénoncé les dérives de Carlos Ghosn, l’ancien patron de Renault, et les frasques qui en découlèrent. Cette avidité d’un dirigeant, couplée à une rémunération toujours plus importante des actionnaires, la questionne sur le bien-fondé des divers plans de relance décidés pendant la crise. Comment accepter qu’une entreprise comme Stellantis, qui bénéficie largement des aides de l’État, puisse accorder une telle augmentation alors même que les accords d’activité partielle devraient entraîner un effort de tous ? Que penser de la participation de Stellantis au fonds de soutien de l’automobile dont les 10 millions ne représentent qu’à peine 15 % de la rémunération de Mr Tavares pour l’année 2021 ?
De plus, la part des indicateurs de Responsabilité sociale de l’entreprise est faible et n’est pas en phase avec l’esprit de la Loi Pacte et des préoccupations extrafinancières (sociales et environnementales) qu’elle met en avant pour les entreprises.
La CFDT attend du politique qu’il mette en œuvre les outils dont il dispose pour réduire ces écarts de rémunération incompatibles avec une solidarité de filière. Elle est convaincue qu’il est temps d’organiser des États généraux de la filière et de la rendre plus résiliente en la poussant à se réorganiser et à être enfin plus solidaire.
t.laurent
15 avril 2022