La CFDT salue l’annonce du financement de l’extension de l’usine STMicroelectronics à Crolles (Isère)
La CFDT pointe un défaut d’attractivité du site.
Cet investissement annoncé de 5,7 milliards d’Euros va permettre d’accélérer le projet d’implantation en France d’une usine de semi-conducteurs de classe mondiale, produisant à terme 22 000 plaques de silicium 300 mm par semaine d’ici 2026. Ceci multipliera par 2,5 le volume de production actuel du site, et en fera la plus grosse fab’ 300 mm d’Europe.
Pour la CFDT, ce projet n’est pas nouveau et s’assimile à un refinancement, où le partenariat avec Global Foundries va accélérer le projet initial.
La prévision annoncée d’embauches de 1 000 salariés sur les 4 prochaines années est une très bonne nouvelle. Cependant la CFDT s’inquiète de la capacité de STMicroelectronics à recruter massivement dans le bassin d’emploi isérois.
Les sites de Crolles et Grenoble peinent déjà à recruter depuis quelques années. Le taux de turn-over à ST Crolles ne cesse d’augmenter, sachant qu’il y a environ 300 postes actuellement ouverts à ST en Isère, hors projet d’extension. L’entreprise va devoir adapter ses méthodes de recrutement et sérieusement travailler sur son attractivité. Or, elle peine à évoluer d’un point de vue social.
La CFDT rappelle que celle-ci ne dispose pas d’accord d’entreprise relatif à l’équité de carrière entre les femmes et les hommes, qu’elle a régressé depuis 2015 sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences et des parcours professionnels au point de ne plus disposer d’accord. Les récents accords de QVT devraient permettre de mieux prendre en compte le télétravail mais occasionnent un début de dérive sur le FlexOffice à Crolles.
Les infrastructures doivent aussi se développer. Le site de Crolles est le seul à avoir des ingénieurs qui travaillent en Algeco depuis plus de 20 ans. L’attractivité de ST reste très en retrait pour une entreprise du CAC 40, de haute technologie, et de surcroît pour ses sites de Crolles et Grenoble situés dans un bassin d’emploi dynamique.
L’aspect environnemental du projet reste incontournable et pose question. Pour rappel, aucune information n’a été transmise aux élus à la suite des attentats d’Avril dirigés contre ST Crolles. De plus, l’ambition économique d’un chiffre d’affaires à 20 milliards de dollars ne doit pas prendre le pas sur les ambitions écologiques.
Suite au CSE Central du 21 Juillet, la CFDT attend de la direction un plan plus global qui permettra de comprendre comment celle-ci souhaite atteindre les objectifs annoncés.
Au-delà des effets d’annonces gouvernementaux sur les ambitions du projet « European Chip Act », de relocalisation de 20% de la production mondiale de semi-conducteurs en Europe, tant que la capacité d’assemblage et de test des composants électroniques reste localisée en Asie, les promesses ne seront pas réalisables.
A ce jour rien n’est prévu dans ce sens alors que le groupe possède une usine d’assemblage à Malte, en Europe, et des locaux disponibles en région PACA. Actuellement près de 30% de la production à Crolles de 300 mm sert le marché automobile.
La CFDT regrette que des partenariats clientèle plus solides n’aient pas été annoncés, ce qui laisse présumer peu de changement dans les volumes qui seront alloués aux acteurs européens.
t.laurent
16 août 2022