Automobile : la CFDT souhaite une coopération pour réussir une transition juste. Travaillons ensemble !
Le Salon de l’Auto de Paris 2022, après 4 ans d’absence, signe la fin programmée du moteur thermique en 2035. Ce salon déserté par les constructeurs allemands, japonais et italiens a accueilli pour la première fois, pour certains, des constructeurs chinois et vietnamiens, proposant des véhicules au standard européen et plutôt Premium. La montée en cadences des projets autour de la mobilité hydrogène (pile à Combustible) est le signe de l’engagement d’une mutation globale. Les interventions, en marge du salon, des directeurs de Renault, Stellantis et Valéo confirment cette transformation profonde et accélérée. L’intervention de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a abondé dans ce sens avec de fortes attentes de la part de l’Europe, que la CFDT FGMM partage. La réglementation européenne et française doit aussi cadrer et réguler.
Le diagnostic et la voie étant tracés, les plaintes et jérémiades sur un passé révolu n’ont plus lieu d’être. Pour réduire drastiquement les émissions du transport, et réussir la transition, il n’est plus temps de tergiverser. Les donneurs d’ordres sont lancés dans la reconversion, ceux qui se questionnent ou attendent sont en danger !
Dans la continuité du rapport de la FGMM-CFDT publié avec la Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH) en juin 2021, il est temps de se mettre en marche ensemble pour concilier les nouvelles solutions mises en avant par nos constructeurs et les décliner par entreprise de la filière dans l’intérêt du maintien de l’emploi sur notre territoire. La CFDT fait siens les propos du Président de la République qui invite la filière à jouer collectif. Reste à passer de la théorie à la pratique et pour ce faire, plutôt que la solution qui se profile avec des constructeurs qui semblent avoir l’intention de gérer chacun dans leur coin, la CFDT préfère d’abord une approche globale qui passe par des États généraux au niveau national pour partager les constats et donner de la visibilité et de la compréhension à tous les acteurs ainsi qu’aux salariés et ensuite, des conférences sociales en région pour mettre en œuvre dans les territoires les solutions.
La FGMM-CFDT est convaincue que l’acceptabilité des produits et l’autonomie industrielle passeront par le développement de produits de segments A et B conjugué à des mesures de soutien à la filière et de localisation sur notre plaque européenne. Elle constate que les dernières annonces de Stellantis pour la France vont dans ce sens. Elle estime que nos constructeurs en France (Renault, Stellantis et Toyota) doivent s’orienter et maintenir ce choix stratégique sans abandonner les autres catégories (C&D).
Des reconversions sont nécessaires, celles des hommes aux nouveaux métiers, celles d’outils aux nouveaux produits, dans une urgence accrue.
Cependant, la CFDT FGMM regrette l’absence d’objectif de durabilité des usines et des outils industriels. La majeure partie de l’industrie automobile concentre ses actions sur la réduction des émissions, or, depuis 2018, l’industrie automobile a réduit ses émissions globales de gaz à effets de serre (GES) de seulement 5%, loin, à ce rythme, des objectifs de neutralité carbone en 2050 ! C’est mauvais pour la planète et contreproductif pour l’attractivité de la filière.
Il faut travailler ensemble, tous orientés dans la même direction d’une meilleure durabilité globale, d’une compétitivité écologique juste et nécessaire. Les récentes positions des États-Unis et de la Chine en matière de soutien à leur filière nationale ne devraient pas être perçues comme une forme de protectionnisme, de repli, mais plutôt comme une opportunité de se réinventer en ayant des relations commerciales d’import et d’export durables sur des plaques où l’empreinte écologique serait réduite, optimisée. Favorisons la coopération, plutôt que l’affrontement économique au niveau mondial pour l’industrie automobile. Faisons de même au niveau national et mettons en œuvre des États généraux de la filière automobile française. Cette dernière a déjà perdu plus de 100 000 emplois en une quinzaine d’années.
t.laurent
25 octobre 2022