Alstom-Bombardier : la CFDT demande la prise en compte du besoin en compétences pour l’après-crise
La FGMM-CFDT soutient l’acquisition de Bombardier Transport par Alstom, qui devrait créer un géant de 75 000 salariés dans le monde dont 12 000 salariés en France et 43 000 dans le reste de l’Europe, sans compter l’ensemble des fournisseurs. Elle estime que l’acteur de la filière ferroviaire européenne qui en naîtra sera capable de rivaliser avec le constructeur chinois CRRC et de renforcer financièrement Bombardier Transport. Mais elle ne veut pas que cette acquisition se fasse à n’importe quelles conditions. Elle déplore à ce titre que la Direction d’Alstom refuse de signer avec les organisations syndicales des engagements sur l’emploi. Elle constate que le projet de cession du site de Reichshoffen (780 salariés) et d’autres sites européens, sans concertation préalable des représentants des salariés, destinés à satisfaire la Direction générale de la concurrence de la Commission européenne, ne prend pas en compte les futurs marchés, le besoin en compétences pour l’après-crise sanitaire et la sécurisation des projets futurs, comme le train hydrogène et le TER hybride.
La FGMM-CFDT attend toujours des précisions sur la stratégie industrielle, d’autant que la crise Covid a aggravé la situation financière des deux entreprises en plus de dégrader l’activité de Bombardier Transport, au début du mois d’août dernier. Au-delà des annonces du plan de relance, elle attend des actes concrets de développement du fret « propre » avec la SNCF et des fournisseurs français référencés Alstom et Bombardier.
La FGMM-CFDT est inquiète du remplacement de l’actionnaire français majoritaire d’Alstom par la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) au Canada auquel s’ajoute le gestionnaire d’actifs financiers BlackRock. Ce montage financier oblige à lever 2Md€ complémentaires en actions. La FGMM-CFDT considère que l’État français pourrait en profiter pour monter au capital dans une activité stratégique, en phase avec les discours de développement de mobilités plus écologiquement responsables.
La FGMM-CFDT est convaincue que dans une période d’évolution du marché ferroviaire, les enjeux européens de mobilité plus vertueuse pour l’environnement, de diminution de l’empreinte carbone et de réduction de la fracture territoriale, deviendront essentiels. Elle note que, selon des études, l’activité ferroviaire répondant à ces exigences devrait naturellement progresser de 3 % par an en Europe, dans les années à venir. Si malgré tout, la cession des activités et sites industriels continuait d’être privilégiée par Alstom, la CFDT demanderait en priorité une stratégie industrielle claire, un plan charge suffisant sur le long terme et une sauvegarde de l’ensemble des emplois européens. La FGMM-CFDT restera vigilante sur les suites de ce dossier et en appelle à la responsabilité d’Alstom et de Bercy.
t.laurent
9 octobre 2020