La CFDT à l’offensive sur la désindustrialisation de Renault !
Casse sociale, séisme, trahison. Autant de mots, jamais assez forts, pour condamner l’attitude de la direction générale à la suite des annonces de ce plan d’économie qui doit toucher tous les métiers de l’entreprise, mais surtout qui a pour conséquence la fermeture de sites en France, avec au passage la suppression de 4 600 emplois !
Depuis le début, la CFDT Renault dénonce la méthode et la finalité de ce plan dit « d’urgence ».
- Comment construire un plan de réduction des coûts, sans connaître la stratégie de l’entreprise ?
- Comment croire que demain un seul site de carrosserie montage absorbera les demandes commerciales des véhicules particuliers ?
- Pourquoi condamner la France, berceau de la marque Renault, à encore moins de fabrication ?
Ce dossier est bien destiné à fermer au moins deux sites (Dieppe, Choisy), vendre la Fonderie de Bretagne et démembrer les sites de Maubeuge et de Flins. Inacceptable, sans concertation pour la CFDT, faisant fi du dialogue social !
Créer les conditions d’un diagnostic partagé
Le mardi 26 mai, M. Le Maire, nous a assuré que Dieppe était sauvé (au moins pour 3 ans, le temps de réfléchir en commun à un avenir). Si Alpine se positionne sur le segment D – EV, pourquoi envisager si peu de volumes (on parle de 8 000 véhicules/an) ? Là encore le discours est incohérent entre la fermeture de Dieppe qui produit trop peu et un plan produit si peu ambitieux ! Les cartes sont donc rebattues et les discussions vont pouvoir avoir lieu pour reconstruire un avenir pour Alpine Dieppe.
Le jeudi 28 mai, en ce qui concerne les fonderies de Bretagne, nous avons contacté le député du secteur et avons eu l’oreille attentive d’un ministre de la région (Mr Le Drian). Nous avons eu confirmation que, là aussi, une revue stratégique devait s’engager, au lieu d’une fermeture sanction.
Le samedi 30 mai à Maubeuge, une mobilisation préparée en seulement 72 h, a permis également de réviser la position de la Direction générale et un rendez-vous avec les pouvoirs publics, élus locaux et représentants des salariés à Bercy, ce mardi 2 juin peut permettre de poser les bases de discussions sur le fameux pôle électrique dans le nord. Maubeuge est le meilleur site Renault de France en compétitivité et en qualité.
Enfin sur les deux derniers sites, le recentrage d’activité sur Flins qui entraîne la fermeture de Choisy se dessine, sans retenir notre assentiment. Là encore, nous revendiquons notre place de partie prenante dans le pilotage de ce dossier, en concertation avec les multiples acteurs politiques de l’IDF. Le site de Choisy se mobilise depuis le vendredi 29 pour son avenir dans une intersyndicale large et motivée.
L’interprétation des chiffres doit être questionnée !
Nous mettons en cause le catastrophisme autour de la « capacité théorique » des sites de production, présenté sur la base de trois équipes, alors que depuis des années les projections (et les standards de l’entreprise) se font sur deux équipes. Dans les faits, les 1 205 000 véhicules possibles sont en réalité 905 000 soit 75 % d’utilisation en 2019.
Une production de véhicule de tourisme en France qui pourrait disparaître à terme ?
La création d’un seul site de production à Douai signifierait que l’entreprise ne se donnerait plus les moyens de produire en France des véhicules de tourisme en volume conséquent pour satisfaire le marché européen de véhicules électriques, hybrides et thermiques. Il faut plusieurs sites compte tenu du potentiel de ce marché en croissance dans les années à venir. Sans compter la difficulté d’assembler sur un même flux deux plateformes très différentes (EV et Kangoo) !
- Et que faire des Kangoo à moteur thermique dans une usine organisée 100 % EV ?
- Que dire aussi des opportunités offertes par l’alliance pour un futur VE produit dans nos usines ?
Ce plan ne peut s’affranchir d’une stratégie produit et industrielle clairement définie, conjointement avec l’alliance, inconnue pour le moment.
Au-delà de ces constats, la CFDT, chiffres en main, prouve et prouvera encore que ce projet est déséquilibré, peu ambitieux et condamne Renault à court ou moyen terme.
Si l’objectif de la Direction est de désindustrialiser la production de véhicules particuliers Renault en France, qu’elle le dise haut et fort !
t.laurent
2 juin 2020