Le gouvernement envoie un mauvais signal lors du salon mondial de l’automobile
La prise de position du nouveau ministre français de l’Économie, Antoine Armand, en clôture du « Summit de la PFA », organisé en marge du Salon de l’auto 2024, le 15 octobre 2024, envoie un mauvais signal à la filière automobile française.
La position gouvernementale est de vouloir défendre auprès de l’Europe les constructeurs risquant à terme de payer des amendes au regard d’un non-respect des normes CAFE 2025. Cette position ne peut que retarder l’accessibilité à la mobilité électrifiée pour le plus grand nombre et favoriser le manque d’entrain des constructeurs à proposer des offres réalistes.
La course financière et effrénée à des marges opérationnelles élevées est irréaliste, sur le long terme et déstabilise un marché encore immature et fragile.
La stratégie de favoriser la vente de gros SUV hybride à forte marge aux dépens de la gamme électrique est en ce sens emblématique. Les mêmes constructeurs se plaignent que la demande n’est pas au rendez-vous, alors que leur offre ne coïncide pas avec la demande des marchés français et européens orientée vers les segments A et B, soit des mini citadines et des citadines.
Le succès inespéré du leasing social : 90 000 demandes et 50 000 satisfaites prouvent si besoin que l’attente et l’appétence pour les petits véhicules existent. C’était bien, en l’occurrence, le résultat d’une offre adaptée.
Cette stratégie de court terme est pour le moins dangereuse pour la filière automobile dans son ensemble !
Arrêtons de stigmatiser l’Europe et ses présumés technocrates alors que les règlements sont décidés par les États et le Parlement et que l’urgence climatique n’attend pas. Nous aurions préféré entendre la volonté d’appliquer le contrat de filière signé en mai 2024 qui :
• Appuie une transition plus juste avec un accès à la mobilité décarbonée pour le plus grand nombre.
• Exige plus de solidarité des constructeurs envers leurs équipementiers et sous-traitants.
• Met en œuvre l’adaptation des compétences et emplois à ceux de demain.
Pour la FGMM-CFDT, une telle position, concernant la remise en cause du CAFE, si elle devait aboutir, mettrait en danger toute la filière française et européenne face à la menace chinoise qui ne peut que se réjouir d’un assouplissement.
t.laurent
23 octobre 2024