Renault : la CFDT donne un avis défavorable au projet de plan d’économies du groupe
Le 28 mai dernier, un projet de plan d’économies de 2,15 milliards d’euros d’ici 2022 a été dévoilé aux élus du CCSE de Renault. Ce plan prévoit une forte contribution de l’ingénierie aux futures économies, à hauteur de 800M€, de la production à hauteur de 650M€ et une baisse importante des frais de structure à hauteur de 700M€.
La CFDT a immédiatement dénoncé la forme et la méthode de communication accompagnant ce plan. Faire une telle annonce en pleine crise sanitaire relève de l’opportunisme, sinon de la provocation. Comment oser annoncer un tel plan d’économies alors que la stratégie de Renault est basée sur des hypothèses qui évoluent tous les jours ? Les atermoiements, qui ont suivi l’annonce de ce plan, dans la communication de l’entreprise prouvent bien que ce projet a été monté dans l’urgence, sans la rigueur intellectuelle nécessaire, d’autant que tous les acteurs de l’entreprise se voulaient rassurants, depuis des mois, ne laissant poindre ni inquiétude ni menace industrielle.
La restructuration de Renault passera par la destruction de 15 000 emplois dans le monde, dont 4 600, en France, sans compter la prestation ! M. Gilles Le Borgne, directeur de l’ingénierie de Renault, dès la fin du premier trimestre, avait chiffré les économies contenues dans ce plan, à 1 Mds pour son secteur (800M€ pilier ingénierie + 200M€ en frais de structure) avec à la clef une diminution de la diversité, un transfert de charges vers les bureaux d’ingénierie, une baisse de la prestation et une baisse d’effectifs correspondante. L’estimation en matière d’effectifs, à la suite de l’expertise commandée par les élus du CCSE serait de -7 000 postes en France (Renault + sous-traitance), avec beaucoup de certitudes que la CFDT ne partage pas, en particulier sur les capacités des ingénieries à l’étranger, de piloter une sous-traitance délocalisée !
La CFDT estime que la soutenabilité de cette démarche semble problématique et risque de mettre des salariés en souffrance. L’expertise demandée par les élus pointe des risques clairement identifiés, sur la mesure de la charge de travail qui est absente de cette approche comptable et qui risque de laisser beaucoup de salariés en mal-être, voire pire, en burn out ou bore out. Pour le manufacturing, l’inconstance d’une telle démarche prend tout son sens. En effet, sans stratégie, comment définir l’activité industrielle ? Nous passerons sur les chiffres concernant les capacités, qui mélangent habilement les données mondiales (certes, trop élevées) et l’organisation du travail, sur des bases inconnues, chez Renault, en France.
Depuis mai dernier, le fond de ce plan d’économies reste flou. La CFDT constate que ce plan est en défaveur de la France.
Par ailleurs, la CFDT ne trouve pas de vision mondiale de la stratégie manufacturing, le groupement des concessionnaires Renault (CGR) ne jouant pas son rôle.
Quelle incohérence avec la déclaration de M. de Meo qui défend que « Les boîtes automobiles ont leur âme dans leurs racines » ! Enfin, l’investissement et l’optimisation pour la performance des usines Renault sont un engagement de l’entreprise qui n’est toujours pas tenu depuis des années !
En synthèse, la CFDT constate une absence de stratégie globale (attendue en janvier 2021), de grands axes d’activités repensés et qui méritent d’être quantifiés (dans l’ingénierie et les fonctions supports) et des engagements qui existaient dans le passé et n’ont jamais été respectés.
Au regard des constats que nous faisons sur la mise en œuvre chez Renault SAS du projet de plan d’économie, la CFDT a donné un avis défavorable.
t.laurent
29 septembre 2020