SATYS : la CFDT estime que la Direction fait porter tout le poids de la crise à ses ouvriers précarisés
SATYS Sealing & Painting, dont le siège est à Toulouse, est une filiale du groupe SATYS, d’environ 550 salariés et spécialisée dans la peinture d’avions neufs. Ses principaux clients sont Airbus avion commercial, Airbus Helicopter et ATR.
Comme les autres entreprises du secteur aéronautique, cette entreprise dynamique a été frappée de plein fouet et de manière inattendue par la crise du transport aérien consécutive à la crise sanitaire du coronavirus. Les prévisions indiquent que la croissance du secteur aéronautique devrait revenir au beau fixe après un « trou d’air » de 2 ou 3 ans. En attendant, la Direction de SATYS a décidé de faire porter tout le poids de cette crise à ses ouvriers et en profite pour faire passer des modifications de conditions de travail que les salariés avaient refusées jusqu’à présent, les poussant à se mettre en grève à deux reprises sur les dernières années.
En effet, pour absorber les coûts résiduels restant à charge de l’entreprise après la mise en place de l’Activité partielle de longue durée (APLD) et accroître ses marges, SATYS propose un Accord de performance collective (APC) dont les principales mesures sont à durée indéterminée : c’est-à-dire qu’elles resteront en place même après le retour à « meilleure fortune » dans 2 ou 3 ans ! De quoi s’agit-il ?
– Réduction des pauses et des primes.
– Gel des salaires pendant 2 ans.
– Et surtout flexibilisation à outrance : délais de prévenance de modification des plannings pouvant aller jusqu’à moins de 24h dans certains cas, annualisation du temps de travail (de 0 à 48h par semaine, heures supplémentaires payées en fin d’année seulement si le total annuel dépasse 1607h), polyvalence, suppression des équipes de suppléance (du week-end) remplacées par une flexibilité du travail sur 6 jours, etc.
Cet alignement sur le moins-disant social va conduire à la destruction de vies de famille, le départ de nombreux salariés entraînant des pertes de compétences pour l’entreprise et l’impossibilité de répondre à la demande quand l’activité repartira.
À la suite à la baisse de charge, une partie des salariés pourra être sauvée par la mise en place de l’APLD, mais l’entreprise devra tout de même se séparer de plus d’une centaine, par « mobilités internes ou externes ». Pour ces derniers, les conditions de départ sont également minimalistes : enveloppe supra légale de 10 000 € maximum, et au revoir ! Ce montant est bien en dessous des pratiques des entreprises de taille équivalente du secteur aéronautique. Peut-être par crainte d’avoir trop de demandes de départ volontaire, au vu des mauvaises conditions de travail pour les salariés restants ?
Toutes ces conditions sont insatisfaisantes, et décevantes pour une entreprise qui devrait être exemplaire. En effet, son patron est le président du comité Aéro PME du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS).
La CFDT demande la réversibilité dans les efforts demandés, un partage de ces efforts avec la Direction et les actionnaires, une écoute des salariés pour travailler ensemble à l’amélioration des performances et pourquoi pas l’obtention d’une meilleure visibilité et stabilité dans le plan de charge de la part de son principal donneur d’ordre Airbus, également membre du GIFAS.
Il reste quelques jours pour négocier, mais aujourd’hui il n’y a aucune amélioration en vue !
t.laurent
17 septembre 2020