Renault : la CFDT trouve le projet industriel France ambitieux, mais s’interroge pour l’ingénierie

Depuis novembre 2018, les salariés de Renault ont vécu des successions de difficultés personnelles et professionnelles. Entre les crises successives (de gouvernance, pandémique, des semi-conducteurs), les salariés du groupe Renault ont su faire face et s’impliquer dans le redressement de l’entreprise. L’arrivée de Jean-Dominique Sénart suivi de Lucas De Méo avec son projet
« Renaulution » nous permet d’espérer.

Le 16 septembre s’est ouvert une négociation dans le cadre d’un projet d’activité triennal qui doit dessiner le visage de l’entreprise pour les trois ans à venir. Ce travail aurait dû être fait dans le cadre du précédent accord (CAP 2020), mais n’a pas abouti du fait des successives crises, mais également d’un manque de volonté des acteurs de l’époque. La CFDT a mainte fois dénoncé ce manque d’ambition de transformation de l’entreprise et espère que cette négociation permettra de le faire.

Nous avons (enfin) pris connaissance de la stratégie industrielle en France. L’entreprise s’engage sur un projet de 9 véhicules pour les sites de montage carrosserie français :
• 5 véhicules pour le projet Renault ElectriCity
• Pour SOVAB Batilly le remplaçant du Master et véhicule partenaire
• Pour Sandouville le Trafic VE
• Pour Dieppe un nouveau véhicule

Ces projets entraînent des charges induites pour les sites mécaniques (Le Mans et Cléon). Plus particulièrement pour Cléon un nouveau moteur de 100 KW impliquant toute la chaîne de valeur en interne, de la fonderie jusqu’à la phase d’assemblage. Si aujourd’hui l’entreprise peut présenter un projet aussi ambitieux, c’est grâce à l’implication des salariés et des Organisations syndicales signataires depuis l’accord de compétitivité de 2013 et ceux qui ont suivi. Pour être à la hauteur de ses ambitions, l’entreprise doit prendre des engagements fermes et sérieux envers ses salariés en France :
• Engagement de volumes en France : compte tenu des perspectives de projets ambitieux avec le pôle ElectriCity et son capacitaire de 500 000 véhicules. Pour ce qui est du VU le capacitaire est d’environ 250 000 véhicules. La CFDT dans le cadre de cet accord demandera un engagement sur un volume prévisionnel de 750 000 véhicules pour la France.
• Engagement de non-fermeture de site : La CFDT pèsera de tout son poids pour que soit actée dans cet accord la pérennisation de l’ensemble des sites Renault en France sans aucune fermeture.
• Engagement d’un plan Emploi conséquent : malgré une zone d’ombre importante dans cet accord qui est la réduction de 2 000 postes (1 300 pour l’ingénierie produite, 400 pour les fonctions supports, 300 pour l’ingénierie process), la CFDT est convaincue que l’entreprise ne dispose pas de toutes les compétences nécessaires, elle demande donc un plan emploi ambitieux (manufacturing, fonction support, ingénierie) pour accompagner cette transformation. Au regard des retours terrain de chaque site, elle estime que le besoin est d’environ 3000 embauches au lieu de 2100 embauches proposées. En fin de journée, la Direction a réajusté son volume d’embauches en CDI à 2 500.
• Engagement vis-à-vis de la filière : La CFDT défend un taux d’intégration local qui doit être un élément structurant pour la filière automobile. En ce sens, la Direction a annoncé 3 000 emplois indirects dans le cadre de cette négociation.
• Les départs doivent se gérer de façon étalée sur les 3 ans de l’accord, en priorisant les départs en retraite, des dispenses d’activité, des reconversions des compétences obsolètes en compétence d’avenir et des RCC ou d’autres dispositifs, si besoin, au volontariat. La CFDT n’acceptera aucun licenciement sec et veillera à ce qu’aucun salarié ne reste au bord de la route.
• Engagement d’un dialogue social à la hauteur des enjeux : La CFDT rappelle qu’un dialogue social innovant est indispensable pour relever ensemble ce défi, y compris un dialogue social de proximité sur tous les établissements de l’entreprise.

Suite de la négociation le 28 septembre prochain.