General Electric Grid Solutions : la CFDT s’insurge contre le démantèlement du site de Villeurbanne
Une restructuration de grande ampleur est initiée sur le site de Villeurbanne, un des leaders mondiaux des générateurs : près de 3 000 suppressions de postes dans le monde dont 1 225 en Europe. La France, avec 634 suppressions de poste, est la plus touchée, notamment le bassin lyonnais qui compte 337 suppressions. Il est fort à craindre que cette restructuration ne règle en rien les problèmes structurels auxquels fait face Grid Solutions.
Financier dans son inspiration (réduction de coûts fixes, production et ingénierie de plus en plus localisée dans les pays à bas coûts, remise en cause du modèle d’externalisation massive et brutale sur le HVDC, secteur stratégique, en forte croissance, et crucial à la transition énergétique en Europe, les dépenses de Recherche et Développement en baisse de l’ordre de 20% et le choix d’une sélectivité des offres, sacrifiant les volumes pour les marges, tout cela dans le seul but de rétablir l’équilibre financier de Grid Solutions en 2022), le plan social porte en lui des risques de paralysie de l’activité, de pertes de compétences, de démotivation et démobilisation du personnel restant en poste.
Pourtant, il y a une opportunité à saisir, avec le développement des énergies renouvelables, un marché potentiel de 25 milliards d’euros accessible pour Grid Solutions entre maintenant et 2024. La politique énergétique de l’Europe s’inscrit dorénavant dans l’énergie renouvelable et dans l’interconnexion électrique entre les différents pays, en particulier avec le transport énergétique HVDC, de l’éolien offshore sur lequel General Electric a de grandes ambitions et de l’éolien terrestre sur lequel GE est très présent. L’écologie est au cœur du Plan de relance. Sur 100 milliards d’euros, 30 milliards sont destinés au financement de la transition écologique.
Et pourtant, le projet de réorganisation Grid Solutions prévoit pour le site de Villeurbanne, site centenaire, un des leaders mondiaux pour les disjoncteurs haute tension et de générateur :
- Le transfert de la production des disjoncteurs de Villeurbanne vers l’Italie et la Chine.
- Le transfert de l’unité de Services de Saint-Priest à Aix-les-Bains et en Allemagne.
- Le transfert d’une partie des activités de Recherche et Développement vers l’Inde.
- L’arrêt de l’activité des transformateurs de mesure non conventionnels.
- La baisse des investissements de recherche et développement.
Soit 284 suppressions de postes sur un effectif de 472 salariés de l’établissement de Villeurbanne. Le risque industriel est énorme.
L’unité italienne qui doit accueillir les disjoncteurs haute tension de Villeurbanne et de Kassel, les disjoncteurs de générateur de Villeurbanne et les commandes mécaniques de l’unité Suisse (qui ferme) n’a pas les capacités, les compétences techniques et les infrastructures pour le transfert d’une activité aussi importante. La mettre à niveau demandera un gros investissement.
La précédente tentative de transfert s’est soldée par un échec et a été abandonnée à cause du manque de compétences techniques : transfert des disjoncteurs de générateur en Allemagne et en Chine. Les différentes délocalisations des productions de disjoncteurs ont nécessité des années de mise au point avec l’aide du centre de compétences de Villeurbanne qui reste une référence mondiale. Le bassin d’emploi lyonnais est aussi fortement impacté : l’arrêt de la production à Villeurbanne et le transfert de Services vont être une catastrophe pour les sous-traitants locaux en termes d’emplois.
Pour la CFDT, une solution alternative industrielle sans risque est de faire de l’établissement de Villeurbanne le site européen de disjoncteurs haute tension (AIS) et de générateur comprenant les ateliers de fabrication, l’unité Services, l’ingénierie, la recherche et développement, le centre de recherches ARC et les laboratoires d’essais du CERDA. La proximité de Super Grid, leader dans l’innovation pour les réseaux électriques du futur et notamment les énergies décarbonées consolide notre expertise et donne des perspectives d’avenir pour le site. La baisse des investissements en recherche et développement va retarder le passage à des appareils moins polluants.
Dans le contexte mondial actuel, la CFDT ne comprend pas la volonté de délocalisation de compétences stratégiques vers l’Inde et la Chine. Cette politique vient de montrer ses limites. Les délocalisations qui sont au cœur des plans de restructurations successifs de Grid Solutions s’inscrivent en porte à faux avec les ambitions écologiques actuelles (relocalisation, empreinte carbone).
Si ce plan est appliqué, il n’y aura plus de fabricant de disjoncteurs haute tension pour postes ouverts et de disjoncteurs de générateur en France, ce qui fragilise l’indépendance énergétique de la France.
Nous avons besoin de l’aide des salariés, des politiques locaux et nationaux, de nos clients, de nos fournisseurs et de tous les Français attachés à l’industrie et au savoir-faire français.
t.laurent
14 octobre 2020