Siemens Energy France : la CFDT suspecte une délocalisation et demande des comptes pour les salariés
Siemens Energy France stoppe son activité de production de compresseurs sur son site Dresser-Rand du Havre, ce qui impacte 295 salariés sur un total de 560.
La CFDT est convaincue que la situation financière du site du Havre a été « exagérément » dégradée depuis qu’un nouveau schéma de structure économique et financière a été imposé en 2017/2018 par Siemens. Dresser-Rand SAS, qui était centre de profit, a alors basculé vers un modèle de « Centre de Coûts » et s’est mis à perdre de l’argent. Cette perte financière s’est accrue du fait que le site du Havre a partagé sa marge avec d’autres entités Siemens basées à l’étranger, dans la zone du client final (pays ou région) et qu’il a aussi supporté la charge intégrale de certains coûts généraux communs pourtant à d’autres entités du Groupe. De plus, entre 2016 et 2018, 60 millions d’euros de fonds propres cumulés par Dresser-Rand SAS au fil des ans (report à nouveau) ont été aspirés par le groupe Siemens.
Certains ont cru que la majorité des salariés concernés par le PSE partiraient en pré-retraites ou retraites avec des indemnités de départ et que le reste des salariés seraient reclassés chez Siemens GAMESA qui commence au Havre la construction d’une usine d’éoliennes. Il n’en est rien puisque dans la presse, le Président de Siemens Energy France s’est juste engagé à ce que ces salariés bénéficient de la priorité de l’information, mais d’une priorité de recrutement. Le Président de Siemens Energy a évoqué une « nécessaire transition », mais « pas à court terme » pour les salariés dont il se débarrasse. Aussi la CFDT pense-t-elle plutôt à une délocalisation puisqu’il s’agit non pas d’un arrêt, mais bel et bien d’un transfert d’activité, donc de la valeur ajoutée, donc des profits de Dresser-Rand SAS vers d’autres sites du groupe Siemens à l’étranger : principalement en Allemagne et aux USA et vers des pays à plus bas coûts.
La CFDT demande donc à la Direction de Siemens Energy France par l’intermédiaire de ses experts que soient fournis :
– Le plan/calendrier de recrutement et de formation de l’usine Siemens Gamessa sise au Havre et la façon dont s’organise cette « NECESSAIRE TRANSITION » évoquée par la Direction.
– Le « Business Plan » sur 5 ans des activités qui resteraient sur le site Dresser-Rand SAS d’après le projet de réorganisation associé à ce PSE.
– La pyramide des âges répartie selon la structure présentée dans le Livre II (par organisation actuelle versus celle ciblée).
– Le plan de charge de la construction des 20 trains de compresseurs à la suite du marché remporté par Siemens Energy en Arabie Saoudite ; ces trains avaient pour habitudes d’être en partie fabriqués sur le site Dresser-Rand SAS au Havre.
La CFDT ne peut pas croire que cette annonce de restructuration ne soit pas en partie liée au passage en Bourse du Groupe Siemens Energy.
t.laurent
25 septembre 2020