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Tribune collective d’une organisation syndicale, d’organisations environnementales et d’une organisation de défense des consommateurs

 2035, 100% électrique : maintenir le cap et sortir du piège des constructeurs pour le climat, l’emploi et les consommateurs

 Les constructeurs automobiles tergiversent dans leur engagement en faveur de la fin de vente des véhicules thermiques neufs en 2035. Revenir sur cet objectif serait un revirement désastreux, qui se traduirait par de nouvelles destructions d’emplois massives et une accélération du déclin de notre industrie automobile.

Depuis plus de 10 ans, tout en comptant sur un soutien constant en argent public sans contrepartie, les constructeurs automobiles délocalisent massivement productions, approvisionnements et même ingénierie, affaiblissant les territoires et l’écosystème industriel. En parallèle, ils abandonnent la fabrication de modèles abordables, au profit de véhicules surpuissants et suréquipés, inaccessibles à une large partie de la population.

Résultat : des marges et des dividendes records, mais une augmentation de 24% du prix de vente des véhicules neufs en 5 ans, corrélée à une chute des ventes de 22%[1] et à une division par presque 2 de la production de Stellantis et Renault en France. Cela se traduit logiquement par des dizaines de milliers d’emplois perdus, une industrie affaiblie, une offre de véhicules déconnectée des besoins du reste de la population et réservée à une élite économique.

Pourtant la demande pour un véhicule électrique abordable est bien réelle, comme en témoigne le succès du leasing social, ou des rares véhicules un peu plus abordables mis récemment sur le marché. Il est possible de proposer une offre adaptée aux besoins réels des citoyens, d’abandonner les logiques de montée en gamme systématique, qui ne servent que les intérêts financiers court termistes des constructeurs.

La stratégie de neutralité technologique, derrière laquelle se cachent les e-fuel et les agrocarburants, n’est que la prolongation des stratégies délétères des constructeurs. Ces carburants alternatifs sont moins performants environnementalement que l’électrique[2], nettement plus chers à l’usage et leur disponibilité est limitée. Pire, en l’absence d’un cap clair, cela risque surtout de disperser les investissements nécessaires pour continuer d’améliorer l’efficacité des véhicules électriques et baisser leurs prix, au détriment des consommateurs et de la compétitivité de la filière dans la course contre la montre engagée avec ses rivaux chinois.

Mais si le maintien de l’objectif de fin de vente des véhicules thermiques en 2035 est une condition nécessaire, elle est loin d’être suffisante. Il faut se donner les moyens de sortir de la stratégie mortifère menée actuellement par les constructeurs automobiles, pour protéger les emplois, donner de la sécurité et de la visibilité aux sous-traitants et proposer des véhicules abordables aux ménages.

Pour y parvenir, nous identifions collectivement quatre conditions indispensables :
  1. Développer une offre large de véhicules électriques abordables, adaptés aux besoins des citoyens, notamment via des plus petits modèles et des véhicules intermédiaires.
  2. Soutenir la demande pour ces modèles, via des aides ciblées pour les ménages modestes et/ou dépendants à la voiture, et développer le marché de l’occasion en exigeant notamment la conversion plus rapide des flottes des entreprises – principal pourvoyeur du marché secondaire pour les années à venir.
  3. Défendre l’industrie française et européenne en conditionnant les aides à l’achat comme aux entreprises à un niveau élevé de contenu local.
  4. Planifier la transition en s’appuyant sur un dialogue social loyal, en sécurisant les parcours des travailleurs dans toute la chaîne de valeur de l’électrification ou vers d’autres secteurs industriels en croissance (vélo, ferroviaire, énergie…).
Il est temps de dépasser les postures et d’acter un changement de méthode : abandonner une stratégie financière de court terme, au seul bénéfice des constructeurs automobiles et de leurs actionnaires, au profit d’une stratégie industrielle cohérente et partagée, construite avec les fournisseurs, les équipementiers, les travailleurs et les citoyens.

Signataires : Marylise Léon, Secrétaire générale de la Confédération française démocratique du travail –Diane Strauss, Directrice France, Transport & Environnement –Morgane Créach, Directrice générale du Réseau Action Climat –Stéphanie Clément-Grandcourt, Directrice générale de la Fondation pour la Nature et l’Homme –Marie-Amandine Stévenin, Présidente de l’UFC Que Choisir –

[1] https://institut-mobilites-en-transition.org/publications/le-vrai-du-faux-sur-les-causes-de-laugmentation-des-prix-des-vehicules-entre-2020-et-2024/
[2] Burning food for land-hungry biofuels is fuelling the climate… | T&E